Profitant d’un RDV chez un dentiste (je passe rapidement ici sur l’extrême difficulté en France actuellement à dénicher un dentiste digne de ce nom ! Oh non, je vais un peu m’étaler : j’ai hérité (sympa l’héritage.) d’une très mauvaise dentition du côté maternel. À l’âge de la ménopause, ça s’est transformé en parodontite. J’ai mis plusieurs années à trouver une personne qui réussisse à m’aider à dénicher un vrai dentiste capable de me soigner correctement. Une majorité des dentistes disent non : Pas de nouveaux patients ! Et les » nouveaux dentistes, eux, ne soignent pas vraiment. Bien dans une lignée libérale, ils se » spécialisent » dans ce qui rapporte et refuseront de vous soigner une carie, de vous ajouter une couronne, mais ne vont par exemple « soigner » que des parodontites pour, par exemple, 2300 €, ou ne poser que des implants et rien d’autres ! Et donc, j’ai fini par pouvoir me faire soigner les dents à Tours après des années de néant On a là un exemple typique d’un problème de santé publique non pris en compte, ni traité par nos élus. Dommage !)
Donc, je reviens à mon propos de départ. Profitant d’être dans la ville de Tours, mon mari m’ayant gentiment accompagné, j’ai proposé que nous en profitions pour aller voir les expos en cours au CCCOD, le centre d’art contemporain de Tours, un lieu où il y a toujours au moins 2 ou 3 expos passionnantes.
Ce lieu ne fait pas forcément consensus à Tours, ville historiquement et toujours actuellement majoritairement conservatrice. Ils préféreront le Musée des Beaux-arts, pourtant assez décevant, on y a vu une très mauvaise expo, chère à l’entrée, mal construite et peu riche.
Et pourtant, le CCCOD c’est à la fois un lieu magnifique sur le plan architectural et des expos variées, qui présentent l’intérêt de proposer les œuvres d’artistes internationaux, allant de la peinture aux installations, avec des expos individuelles et d’autres collectives. Je n’y vais aussi souvent que je le souhaiterais, vivant dans un endroit manquant de transports en commun, et détestant conduire, mais ayant le projet de vivre sous moins d’un an à Châtellerault, je pourrais m’y rendre en train, youpi, vive le train !
Bien sûr, certaines expos peuvent déplaire, interloquer, c’est certain, mais je crois que plus on s’y rend, plus on y trouve son compte, même s’il reste possible de garder son esprit critique, tout en essayant d’entrer les univers artistiques à chaque fois.
Donc, cette fois-ci, nous avons vu deux expositions puisque la troisième n’était pas encore ouverte.
Le coup de cœur total, dans la galerie noire en bas, d’ailleurs toutes les expos que j’ai pu voir dans cette salle m’ont toujours emportée ! Ana Vidigal , Peintre portugaise. » Pour voir ferme les yeux. »
C’est une expo qui vous demandera un peu de temps, promenez-vous tranquillement, contemplez, lisez le fascicule à disposition, regardez, baladez-vous, c’est une expo très très riche ! Ana Vidigal est une artiste formidable ! Elle est pleine d’idées en permanence, se considère comme une peintre, bien qu’utilisant à la fois le collage et la peinture, elle dit » Je pense comme une peintre » et ça se respecte totalement !
J’ai adoré l’écouter parler de sa façon de créer dans le film proposé à l’entrée, Ana Vidigal ne fait pas la poseuse, elle ne frime pas, ne parle pas pour parler, elle est absolument authentique, a construit une œuvre depuis la fin de ses études aux Beaux-arts à Lisbonne où elle est née et travaille toujours.
Elle est une artiste portugaise très reconnue, totalement au Portugal, mais aussi à l’international.
J’ai trouvé très intéressante ses thématiques de travail, de relier souvenirs et présent en mêlant collages de vieux albums, journaux ou ici archives ayant appartenu à sa grand-mère avec son travail de peintre, dans une perspective le plus souvent féministe.






Les formes et les couleurs qu’elle utilise sont souvent lumineuses et très belles, et c’est très varié, très riche, et d’une exposition à l’autre, j’ai pu voir qu’elle évolue constamment, ce que je trouve remarquable et pas toujours si fréquent.
Bref, c’est une exposition totalement passionnante, vraiment belle et puissante, extrêmement variée et mystérieuse parfois, une expo dont on ressort moins bête et plus inspiré.e !
Allez-y , c’est encore visible jusqu’au 9 Mars 2025 .
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Je me réjouissais d’avance pour la seconde expo. Son thème, sa présentation écrite, me donnèrent à penser qu’il était acquis d’avance que je serais amoureuse des œuvres, que j’allais évoluer dans mon élément. Pourquoi ? Parce que je suis une émerveillée, que je vis en campagne depuis 16 ans, enfin non, depuis 21 ans si je compte mes premières années de vie, ce qui est essentiel dans la formation d’une vie !
Extrait du texte présentant l’exposition : « Presi per incantamento
« Alors que beaucoup des expositions actuelles en art contemporain questionnent pertinemment les problématiques urgentes liées à l’environnement, les crises politiques, économiques et sociales, les guerres, les fluctuations entre les genres ou encore notre ère de l’anthropocène, nous choisissons de revenir à une notion toute aussi essentielle qui depuis bien avant le courant romantique n’a de cesse d’inspirer les artistes. L’enchantement ou le soudain, la suspension, le rapt, l’enlèvement, le moment où l’esprit, l’inconscient et les sens sont transportés ailleurs, dans un autre monde, inconnu, fantastique, incandescent, sombre et dangereux. À une époque où les équilibres du monde semblent voler en éclats, il nous parait d’autant plus urgent de revenir à ces conditions fondamentales qui nous ramènent au moment présent, au hic et nunc.
L’enchantement arrive par surprise, il ne dure pas, il s’estompe rapidement en d’autres sentiments, plus diffus et impalpables.
Le visiteur est placé au centre d’un paysage scénique où les œuvres s’agencent à l’instar d’un organisme vivant. Parfois monumentales, parfois immersives, les œuvres dialoguent avec les visiteurs et visiteuses. Ce sont eux et elles qui les incarnent à travers leurs mouvements et leurs déplacements, avec leurs regards. »
Je regrette sincèrement de le dire, mais le but poursuivi m’a paru totalement raté. L’enchantement n’a pas agi, et pourtant je connais bien cet effet ! Je m’émerveille quotidiennement des ciels vastes depuis la maison-atelier dans le village où nous vivons et où je crée ; je m’enchante des oiseaux l’hiver que je nourris et qui viennent jusque devant chez nous, chaque hiver, de l’arrivée des hirondelles malgré tout chaque printemps et leurs envolées folles et prestigieuses, des herbes folles gracieuses et fines, du surgissement des tiges vert clair des graines que je dépose au potager et de l’apparition des premières feuilles, je m’extasie de l’incroyable tissage des toiles d’araignée dehors et dedans, de leur façon aérienne de filer à la verticale, des couleurs iridescentes incroyables des carapaces des scarabées, de la joie de croiser une grenouille, un crapaud sous les herbes près du saule et du potager, de revoir chaque année arriver les noix, les merveilleuses fleurs de cerisier, les fleurs voluptueuses des hibiscus et des lianes de la bigogne, sans oublier les senteurs des lilas, du romarin, et du foin, l’été…
J’arrête là, cette émunération qui pourrait bien ne pas en avoir, de fin.
Et m’explique sur cette déception de visiteuse. Je m’attendais donc à une expo proposant un parcours d’œuvres exprimant leur émerveillement, leur enchantement éventuellement leur peur du sauvage, en tout cas, il est beaucoup question dans la présentation, d’enchantement, d’instant présent (?), et d’un scénique, paysage où les œuvres s’agencent entre elles comme un organisme vivant.
Pas du tout ! Justement, c’est ce qui pèche le plus. L’espace est complexe, je le reconnais, il est extrêmement haut de plafond (d’ailleurs à mon avis, il faudrait avoir une plate-forme au centre.Modulable, que l’on puisse monter, puis baisser comme une estrade, pour casser parfois ce trop haut espace immense et vide.) Du coup, on se retrouve avec assez peu d’œuvres, et beaucoup de vide, certaines œuvres sont réussies je crois, comme celles qui cherchent à reprendre la grâce des herbes, un travail fin et précis, mais lorsqu’elles sont accrochées sur un immense mur blanc avec de grands vides entre elles, ça abime la rencontre, elles sont perdues. On marche ensuite dans cet espace sans fin, pour constater que rien n’est agencé justement. Des œuvres sont de çi de là sans aucun lien entre elles. Certaines parlent clairement d’un lien avec la nature ou pas, puisque c’est la ville parfois qui a inspiré, pour d’autres, c’est encore plus complexe de tirer au clair leur place dans la thématique.
Mais c’est peut-être moi qui aie mal interprété ce « Presi per incantamento » ! Certainement même. Quoi qu’il en soit, nul enchantement ne m’a suspendue, ni enlevée, dommage vraiment, moi qui apprécie tant ces moments-là !
Allez-y néanmoins, vous aurez sûrement un autre ressenti ! C’est jusqu’au 4 Mai.
Et voilà, je trouve que je ne vois pas assez d’expos, je voudrais pouvoir me téléporter dans des expos qui me font envie à Paris, Marseille, Lisbonne, Bilbao, entre autres, mais je manque vraiment de sous pour pouvoir me déplacer et me payer des hébergements, alors… tant pis !
Je lis, je crée, (je peins, j’écris). Et si vous voulez m’acheter un tableau, c’est possible de prendre RDV à l’atelier, car c’est toujours mieux en vrai. Sinon vous pouvez passer par la galerie en ligne ici sur Art Majeur by your art, Magda Hoibian. N’hésitez pas à me contacter pour toute question !
Bon mois de février à tutti ! Le printemps se prépare. Patience…
Magda
Merci
Mais avec plaisir, merci de m’avoir lue.