Plaisirs et blessures de la Maternité

La maternité est une partie de ma vie vraiment centrale. Parfois, je me suis dit que j’étais enfin Maman, parfois, je me suis demandé quand serais-je enfin Mère, parfois, je me demande pourquoi, mais pourquoi cette folle envie, ce désir fort ?

Mais jamais, je ne regrette en soi.

Ce que je peux regretter, ce sont les circonstances. L’alentour. Le mal autour. Ce qui fait que comme des milliers, des dizaines de milliers, des millions oui de mères -mamas je ne fus pas complètement satisfaite de ce qui se déroulait sous mes yeux et pourtant j’aurais tout donné pour ce petit être issu de mes chairs et de mon désir puissant de vie et d’amour.

Tout donné ? Non ! Ce serait trop, et malgré moi j’ai donné beaucoup plus que ce que j’aurais cru, que ce que je pensais vivre et faire.

J’avais cru choisir une vie, malgré des bouts de frères indifférents, des rencontres avec des hommes peu respectueux, (jusqu’à une bonne rencontre heureusement, mais qui demanda du « travail oui, comme un pain d’argile à re-travailler le couple et soi-même me font toujours penser à un tableau à repeindre sans cesse ou à pain d’argile à pétrir, pétrir pour lui donner doigts emmêlés la forme souhaitée , une forme qui va surgir en pétrissant l’argile … C’est cela peut-être l’Amour véritable, l’Amour de sa vie, loin des films romantiques.), malgré une somme de toutes choses à défaire pour se refaire, j’avais cru et ce fut vrai, avoir construit au-delà des obstacles une vie pour une enfance respectée, la plus libre possible et entourée d’amour, de temps libres, de jeux et de culture, d’émotions agréables et de douceur…

Oh ! cette douceur des mamans, que je n’avais jamais connue moi-même, et que je reconnais lorsque je la croise qui à la fois les rend douces et les épuise parfois.

Cette douceur incroyable.

Qui rend capable de chanter pendant des heures, de raconter mille fois la même histoire, de consoler avec un art inégalé, de rassurer, de tempêter contre qui va menacer la progéniture, de rire avec mais jamais de, d’avoir cette capacité dingue de trouver merveilleux le moindre dessin, le moindre mot, le moindre saut, et de fondre lorsque les petits bras nous entourent le cou et les menottes nous tapotent l’épaule…

Cette maternité dont dans l’Amour absolu, je m’étais dit un jour, avec l’Amour avec mon homme choisi, que c’était mon œuvre d’art d’y travailler, à modeler et peindre tout ça, à en faire une beauté emplie d’amour, de confiance et de complicités : Une montagne de souvenirs agréables où puiser les jours où l’enfant devenue grande serait fatiguée ou découragée.

À faire de son mieux, toujours malgré un monde indifférent et individualiste et malgré des manques, malgré tout, de toutes façons, une chaude maison toujours douillette et colorée, une chambre toujours la plus grande pour l’enfant, toujours des livres merveilleux et de quoi créer et apprendre toujours, dehors, aller dehors librement, dedans être dedans en étant dans un endroit son coin, et être bien dans tous les recoins, toujours, partout, trimballer l’esprit  » La Maison  » partout où nous allions, avec ce côté rassurant et chaleureux à chaque fois.

Et puis, un jour, il y a un non – événement incompréhensible. Un temps de rupture.

Et quelques amies de toujours sont là. Qui vivent aussi des événements étranges du même ordre. Plus ou moins.

Et voici que des lectures me parlent. Presque directement.

D’abord ce fut , après  » Dans la forêt » de Jean Hegland , son second formidable roman autour de la Maternité que j’ai chroniqué récemment et qui m’a tellement bouleversée tant certaines parties avaient l’air de parler pour moi…

Lire ici ma chronique de  » Apaiser nos tempêtes « de Jean Hegland aux éditions Phébus.

Aujourd’hui j’ai commencé la lecture d’un autre roman nord-américain. De l’incroyable Siri Hustvedt.

Cette très talentueuse écrivaine. « Tout ce que j’aimais »

Et puis, j’ai laissé plusieurs mois s’écouler sur cette lecture.

J’ai bien fait.

Ma jeune absente tant aimée, se fait du mal, est dans une mouvance sociologique dont on parle encore peu, et s’égare. Mon vœu est qu’elle s’égare pour mieux se trouver.

Les réseaux sociaux et leurs sphères d’influence sur des esprits jeunes et tourmentés sont terribles.

Ils vont à toute vitesse, peut-être se disait-il la même chose à l’époque du Rock’n roll, sex, drug & rock’n’roll ?

Je ne sais pas.

Je n’ai eu 20 ans ni à l’une ni à l’autre de ces époques. L’élément de la société ample et enveloppant, (trop ) toujours trop, nous emporte, et parfois, je me dis que s’éloigner peut être bénéfique…

Je comprends les choix marginaux, tant qu’ils ne se regroupent pas.

La maternité m’apparaît parfois, comme un choix biologique dicté par les hormones ; Ce n’est pas faux ; nous voulons trop oublier nos parts de mammifères. Mais ensuite viennent des choix : Quelle relation, quelle vision avec et envers l’enfance ?

Ce qui est nommé éducation, me fut un plaisir, et je le voulais partagé.

Il l’est. Il le fut. Pas de suite. Mais partagé, il est

dans les bonheurs et émerveillements, et dans les douleurs.

Cela doit être cela enfanter ?

Grandir avec, avec et sans.

Et patienter toujours.

De toutes les manières.

Pas seulement, mais mère et père, à tout jamais.

Finalement, oui.

Ressentir, cet amour puissant, le laisser évoluer, et dire à sa progéniture combien oui les mots murmurés

entre ses douces oreilles enfantines, restent éternellement vraies, justes et sincères :

« Je t’aimerais toujours, oui, je t’aimais déjà avant, et je t’aime maintenant, et je t’aimerais même après la mort. »

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