Chronique.Rentrée littéraire 2018

« Ne m’appelle pas Capitaine » un roman plein d’espoir.


Chronique complète:

Cette lecture a été faite avec 3 autres, grâce au site Lecteurs.com dans le cadre des #Explolecteurs pour la rentrée littéraire 2018. J’ai reçu 4 romans à lire (Chic! ) et à chroniquer.

  • Titre: »Ne m’appelle Capitaine »
  • Auteur: Lyonel trouillot
  • Nbre de pages: 160 pages
  • Date de parution :Août 2018
  • Editeur: Actes Sud


Le roman de Lyonel Trouillot, auteur haïtien vivant lui-même en Haïti, part du personnage de Aude, une jeune fille blanche, issue d’une très riche famille protégée par le pouvoir. Désœuvrée, elle s’inscrit à une école de journalisme par correspondance, et dans ce cadre va devoir sortir de son milieu, pour un « devoir. »

Elle va rencontrer alors à la fois un personnage, un quartier, l’histoire de son pays et modifier peu à peu sa vision désenchantée du monde. En déclenchant les souvenirs du « Capitaine » un vieil homme riche d’histoires et de l’histoire du quartier et de l’île. En le faisant remonter dans son passé, elle lui offre sans le savoir une occasion de renouer avec la vie.

J’ai eu un drôle de rapport avec de roman, parce que ce fut d’abord visuel. Je dois le dire, les couvertures des livres papier m’importent et jouent souvent sur mes choix. (ici j’ai reçu ce livre sans l’avoir choisi.) Et j’ai longtemps adoré les livres d’Actes Sud aussi pour leurs couvertures.

Mais quand j’ai vu celle-ci… Grosse déception je l’ai trouvée affreuse.

Et après coup, je suis certaine que cela a influé sur ma première approche du roman.

Je pense pouvoir dire qu’avec une autre couverture, mon approche aurait de suite été plus confiante.

Je suis donc entrée dans cette lecture presque à reculons. Néanmoins, quand j’en étais au point de devoir poster mon avis de la page 100, (Avec les #Explolecteurs de Lecteurs.com on nous a demandé de poster avant l’avis final un avis en cours de lecture vers la page 100….) j’étais déjà embarquée dans l’histoire. Sans passion, mais de façon dévorante, embarquée. Même si j’ai retrouvé des ambiances dues à mes lectures de Dany Laferrière et à un précédent roman de l’auteur (« Yanvalou pour Charlie » que j’ai préféré), j’ai apprécié cette lecture.

Je craignais un peu le cliché de la petite fille riche et blanche qui découvre la vie en sortant de son milieu, et est adoptée gentiment après des épreuves par les noirs du quartier pauvre. Le roman pourrait frôler cela, mais l’évite avec une intrigue, un style et des personnages en profondeur. Les personnages principaux que sont Aude et les jeunes du Morne Dédé, Jameson, Magda, et les autres sont surprenants de diversité et le passage à l’écriture de leur langage presque oralisé parfois, sonne bien et donne chaleur et naissance dans mon imaginaire au lieu où vit Capitaine et où il héberge ces jeunes. Le récit m’a baladée habilement entre des univers bien cloisonnés, que malgré un livre court j’ai pu ressentir sans superficialité.

La rencontre entre les deux classes sociales est rude, heurtée, dérangeante : les codes et hypocrisies du milieu familial d’Aude, avec sa mère hallucinante de préjugés, sa tante ultra-raciste, son potentat de père, et l’oncle… L’oncle à la marge qui justement lui a permis de rencontrer ce fameux Capitaine. Elle pourrait facilement être impossible. (Aude parlant du Morne -dédé : « Etrangement, je me sentais plus dépaysée que lors de mes premières visites à Paris et New-york »…)

C’est donc loin d’être gagné dès le départ.

Mais si Aude n’a jamais franchi les limites du petit monde policé à l’intérieur de son milieu, elle a déjà en elle des brèches, qui la font douter des certitudes de sa famille bien-pensante. Au fil du récit, les liens s’enrichissent, sans être faciles, gagnent en beauté, génèrent des choix, provoquent des conséquences.

Lyonel Trouillot signe encore un ouvrage engagé, vivant et toujours plein d’espoir, du côté de la vie.

J’aime son écriture qui alterne les types de narration, les styles en fonction des personnages. Et cette absence de cynisme. La plongée dans Haïti est passionnante pour découvrir un autre monde par la lecture. Et j’ai beaucoup aimé l’évolution difficile, mais sensible des personnages vers une humanité plus tissée de rencontres et d’ouvertures, de pulsion de vie. Une lecture humaniste donc qui va bien au-delà de la découverte de Haïti.

Un roman de la rentrée littéraire 2018 à découvrir donc ! 

Un bon roman de la rentrée littéraire 2018 

L’autre Magda  (Lire, une de mes portes ouvertes sur le monde)

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