La Marcheuse RL 2018

Chronique de lecture de « La marcheuse » de Salma Yazbek avec les #Explolecteurs Rentrée littéraire 2018

Cette chronique fait partie d’une série de 4, après 4 lectures de romans reçus via lecteurs.com dans le cadre des #Explolecteurs RL 2018 

Date de parution : 22/08/2018

Editeur : Editions Stock

Nombre de de page : 304 pages

Prix : 20€99

Rima est créative et pauvre. Une bibliothécaire lui apprend à lire à cinq ans et demi et repère son don en dessin. Rima qui ne parle pas et souffre d’une « maladie » qui l’empêche de contrôler ses jambes, vit  attachée. Rima vit en Syrie. Rima invente, lit, raconte son quotidien, la mère, la mort, son sens de l’observation, sa réflexion à la fois pertinente et décalée, sa jeune vie dans l’enfer incompréhensible de la guerre.

Ce roman est magnifique. Je suis admirative du talent de Samar Yazbek qui parvient ici à écrire un roman sur l’indicible horreur du quotidien de la  guerre en Syrie, avec un sens de l’onirisme et un imaginaire puissant. J’ai été happée par son personnage de Rima. J’ai adoré le style de l’auteure.Samar Yazbele arrive à marier le merveilleux et le réalisme dans une écriture qui porte la puissance de l’imaginaire à son apogée. J’ai adoré cela, tout en détestant encore plus la guerre, mais en admirant le style que j’avais l’impression d’entendre parfois chanter.Je ne lis ni n’entends pas le farsi mais j’aimerais l’entendre sans la traduction, tant la voix de Rima a pris corps.

 Rima est une adolescente atteinte d’une maladie qui l’empêche de contrôler ses pas. Dès qu’elle est libre,  elle ne peut s’empêcher de marcher sans s’arrêter. Aussi vit-elle attachée tout le temps. Rien que cela en soi a une dimension symbolique forte.

Elle porte sur le monde depuis le peu d’espace où elle peut se mouvoir un regard à la fois d’une acuité perçante et d’un décalé qui permet à l’auteure de faire en sorte que son récit soit partiellement distancié, et graduellement ascendant dans la tragédie d’une façon fine.

Ce personnage, Rima, me fascine entre autres par son originalité, qui est présente aussi bien par son esprit, son imagination, et l’écriture puisque Rima est la narratrice du roman. Elle s’adresse à nous, lecteurs, directement, nous sommes ses confidents, depuis un souterrain où elle revient par écrit sur sa vie, sa survie. J’ai trouvé cela magnifique et terrible à la fois.

Il ne faut pas lire ce roman par devoir, ou culpabilité, mais parce que c’est une œuvre littéraire d’une très grande qualité. Il faut le lire pour ressentir combien la guerre est une insanité en soi. Ce roman est tellement réussi du point de vue des personnages, du sujet et de la façon de le traiter ainsi que de l’écriture, je ne puis que vous encourager à le découvrir.

Mais aussi pour continuer à vivre et à s’ouvrir par la force de l’imaginaire, grâce à la beauté du langage (superbe traduction de Khaled Osman) dans une universalité grâce à la culture et la découverte de l’autre et ses étrangetés.

Un roman d’une puissance que je ne suis pas prête d’oublier. Il aura compté dans mes lectures et je ne souviendrai de Rima et sa personnalité riche, de cette façon puissante de décrire l’horreur d’une guerre qui certes se termine, mais après sept ans de carnages et des dommages qui durent.

Merci Samar Yazbek.

L’autre Magda  (Lire, une de mes portes ouvertes sur le monde.)

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