À propos et + de » Civilization » de L.Binet

J’aime les livres, j’aime leur fréquentation…
J’ai toujours eu le sentiment que leur fréquentation me grandissait d’une part, m’enrichissait d’autre part.

Je croyais fermement que chaque écrivaine et écrivain était un être à part, inspiré.e, peut-être bien qu’enfant, j’imaginais que c’était des sortes de héros ? Tout comme les artistes peintres que je connaissais, les chanteurs.teuses auteurs.trices compositeurs.trices que je chantais…

Le monde des créatrices et créateurs était pour moi, le Monde !
Mais il me paraissait inaccessible et je l’idéalisai alors.

Il me reste certainement des traces de cette vision enfantine de l’auteur.trice créateur.

Ce qui, peut-être, ou pas, explique que ma déception est grande lorsque, attendant beaucoup d’un bouquin ( terme affectueux chez moi !) je découvre à sa lecture que sa présentation  » marketing » était loin du contenu réel que je vis en le lisant.

C’est ce qui m’est arrivé à la lecture du récompensé et très médiatisé  » CIVILIZATION » de Laurent Binet.
( Présentation du livre sur les sites des éditeurs et de distribution :
« Vers l’an mille : la fille d’Erik le Rouge met cap au sud.
1492 : Colomb ne découvre pas l’Amérique.
1531 : les Incas envahissent l’Europe.

À quelles conditions ce qui a été aurait-il pu ne pas être ?
Il a manqué trois choses aux Indiens pour résister aux conquistadors. Donnez-leur le cheval, le fer, les anticorps, et toute l’histoire du monde est à refaire.

Civilizations est le roman de cette hypothèse : Atahualpa débarque dans l’Europe de Charles Quint. Pour y trouver quoi ?
L’Inquisition espagnole, la Réforme de Luther, le capitalisme naissant. Le prodige de l’imprimerie, et ses feuilles qui parlent. Des monarchies exténuées par leurs guerres sans fin, sous la menace constante des Turcs. Une mer infestée de pirates. Un continent déchiré par les querelles religieuses et dynastiques.
Mais surtout, des populations brimées, affamées, au bord du soulèvement, juifs de Tolède, maures de Grenade, paysans allemands : des alliés.
De Cuzco à Aix-la-Chapelle, et jusqu’à la bataille de Lépante, voici le récit de la mondialisation renversée, telle qu’au fond, il s’en fallut d’un rien pour qu’elle l’emporte, et devienne réalité.

Grand prix du roman de l’Académie française »)
Incroyable, ceci me confirme malheureusement que les prix littéraires n’ont à mes yeux que très peu de valeur…

J’avais été emballée par l’idée de départ évidemment :

Renverser le cours de l’Histoire, voir d’un autre point de vue la découverte d’un continent nouveau. Excellente idée.

Mais une bonne idée, ce n’est pas suffisant…

Voici ma petite critique publiée sur Babelio :

 »Je suis très déçue par cette uchronie qui a fait tant ( trop?) parler d’elle….
L’écriture ne m’a pas conquise ni touchée …
Les 4 parties sont très inégales.
La plus importante, la troisième, est vraiment peu convaincante.
Et puis, j’étais peu intéressée par cette partie qui aurait dû être la plus passionnante.
Car finalement, l’auteur, place l’Inca en Europe, très bien, bonne idée, il n’y a pas qu’une civilisation digne de ce nom, loin de là, mais on apprend vraiment très peu sur la civilisation inca, très peu… Et hélas, dans ce récit, s’ils bâtissent un empire en Europe, en fait c’est calqué sur le pouvoir en place, j’ai eu le désagréable sentiment que l’auteur n’avait pas assez travaillé…
Je regrette que l’auteur n’ait évoqué son récit que du point de vue des puissants, des rois et ce sur le modèle européen.

Il est très difficile de s’attacher aux personnages, l’écriture ne le permet pas.
Il est impossible de connaître les changements dans la vie des peuples apportés par l’exercice du pouvoir par l’Inca, cela n’est pas décrit, le peuple est quasiment inexistant, seuls les jeux de pouvoir sont décrits.
Et à propos de description, le narrateur est inconnu. On ne peut que supposer qu’il est européen, on passe d’une narration à des échanges de correspondance…

J’ai le sentiment que l’auteur ne s’est pas assez documenté sur la civilisation inca, loin s’en faut.

Il est décevant dans son ouvrage ( essai ? Roman ? Ouvrage inconnu ?) de ne pas aller à la découverte d’une Europe transformée en profondeur par l’arrivée, certes au pouvoir, d’une autre civilisation.
C’était ce à quoi je m’attendais.

Et ce n’est pas le cas.

Il n’y a pas de transformation profonde de l’histoire sur tous les plans dans ce récit de l’Europe.

Et de plus, ce n’est pas conté, ni décrit ni écrit.

Bref, le propos principal du livre n’y est pas….

Quant à la quatrième partie….
Mais….
Que vient faire ce récit, comme un cheveu sur la soupe, pour grossir le nombre de pages ??
Cervantès inventé dans une nouvelle pérégrination, un peu brouillonne, n’apporte à mon sens, rien de plus à ce récit, sinon qu’il ajoute à ce sentiment de confusion et de travail inachevé…

Il y a quelques parties pas trop désagréables à lire, certes…

Mais l’ensemble une fois terminé, reste un sentiment de déception, de gâchis, de brouillon, pas de ces brouillons plein de créativité, non de ceux manquant juste d’exigence et de travail.

L’idée de départ était très bonne.
Les deux ( courtes) premières parties démarrent bien le récit.

Et ensuite c’est perdu.
Le propos se dilue.

Quel dommage !  »

C’est vrai, c’est une déception.

Mais bon. Une déception, ça pourrait être anecdotique.

Sauf que… Je ne sais pas si je change, ou bien si le rythme de cette société s’accélérant, les éditeurs ( non, certains seulement.) sont parfois moins difficiles… mais mes lectures de jeune femme , avaient, je trouve, à la fois, une belle verve littéraire, de l’imaginaire foisonnant, et puis de l’originalité comme un travail abouti.
J’ai actuellement plus de mal à dénicher ce genre de perles.

J’ai lu tout Garcia Marquez, tout Jorge Amado, tout John Irving, tout Isabel Allende, j’ai lu aussi très jeune Anaïs Nin, et des romanciers américains et chez les français contemporains d’alors la trilogie de Daniel Pennac, et bien d’autres…

Je n’ai jamais alors, peiné à trouver un roman à me mettre sous la dent, qui me fasse assez vibrer tant au niveau de l’écriture que de son contenu, sans tomber forcément dans l’anxiété, le glauque, le stress absolu, la panique totale.
Il y a beaucoup de parutions littéraires basées sur l’angoisse et sur une vision du monde complètement paniquée et anxiogène.

Trop à mon goût.

C’est d’ailleurs la même chose en art visuels bien souvent.

Dépeindre un monde flippant, anxiogène en insistant bien lourdement, je ne vois pas en quoi ça sublime la fonction des artistes auteurs autrices…
Ni en quoi ça aide qui que ce soit.
Bien au contraire.
Ça augmente le sentiment de peur et de panique générale.

Je ne plaide absolument pas pour le déni !

Que nenni….
Disons que je recherche une sorte d’équilibre…
Et que je ne suis pas catastrophiste.

Notez bien que je sais que je me suis égarée dans mon propos !

Mais je crois bien que ce sera là, justement, ma petite marque de fabrique…
Je suis ainsi !

Mon cerveau fait des tas de liens !

Et je le suis…

En résumé, je ne conseille pas cette lecture, mais continuer de lire,oui !

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