J’avais passé l’été, Un été qui n’en fut pas un,

Un été sans chaleurs écrasantes

ni odeurs d’herbes sèches et de thym,

Un été coupé de lui-même et de sa présence :

La Poétesse en slip m’avait fait faux bond !

Dans le même temps

dérangées, chassées par des travaux de bipèdes lourds et bruyants,

mes sœurs les corneilles

avaient déserté elles aussi leur abri :

Le bouquet de peupliers était vide de leur tribu,

je n’assistais plus à leurs ballets du soir,

et leurs choix des matins,

elles étaient allées ailleurs.

C’est avec le retour des oiseaux noirs que j’affectionne, leurs graillements que j’ai appris à aimer,

que la poétesse en slip est revenue vers moi.

Et que j’ai compris combien elle leur était liée.

-« Où étais-tu ? » lui dis-je comme une enfant.

-« Que crois-tu ? Je ne suis pas enclose en ton jardin, si vaste le vois-tu, je vais et viens. »

Et son sourire me mit des couleurs dans mon rire de joie.

Jaune et orange,

Bleu et ocre, s’envolèrent en éclats de lumière au milieu du jardin sauvage.

J’étais saoule des couleurs de la saison du retour de la Poétesse en slip,

les corneilles roulaient en l’air,

l’air sentait le feu sans fumée,

la terre attendait ses champignons;

Je coupais quelques blettes

attrapai sa nuque , plantai un baiser sur le front de la Poétesse en slip,

et rieuse

sus que toujours elle serait là,

finalement.

Magda Hoibian Photographie et poésie. @magdahoibian

La photographie choisie pour accompagner cette poésie est composée de billes de terre provenant de la fantastique performance artistique, La genette, de l’artiste Myriam Mihindou, un moment exceptionnel et si riche en amitié et échanges vécu l’été dernier au Transpalette, centre d’art de Bourges.

J’y ai ajouté une de mes « Souvenir de nos prairies » boules d’herbes d’été séchée petit à petit

Je dédie cette modeste poésie et cette simple photographie à la rencontre et à l’amitié, cadeau incroyable que j’ai la chance de vivre avec cette si belle personne et artiste, à toi Myriam Mihindou.]