Lire des romans japonais

J’ai depuis, un ou deux ans, plaisir à découvrir partie de la littérature japonaise.

Voici ici trois chroniques de livres japonais.

Parfois je suis un peu désarçonnée par certains aspects ( l’écriture via les traductions , est-ce dû à la culture japonaise? A la grande pudeur ?) , mais toujours une forme de délicatesse côtoie une sorte de brutalité qui m’étonne et j’aime cette découverte, ce sentiment d’étrangeté, ce soulagement de constater que non, la mondialisation n’a pas tout aplani !

En voici 3 , différents que j’ai aimé chacun avec leur univers :

L’ETE de la Sorcière . Nashiki Kaho . Editions Picquier .

C’est une très jolie découverte que cette lecture, qui va être pour moi une lecture ressource vers laquelle je reviendrai sans doute.

J’ai donc outre le récit, découvert que cette écrivaine japonaise a écrit ce roman inspiré de son enfance dans les années 40-50, et cette jolie ré- édition est augmentée de textes enrichissants l’histoire dont au final le très beau monologue de la grand-mère.

La post-face de @KahoNashiki est aussi éclairante : « Il n’a jamais été aussi difficile qu’aujourd’hui de vivre simplement, de vivre une vie simple et sincère.
La société a de plus en plus tendance à se diviser en groupes, à rechercher des leaders qui parlent d’une voix forte, à exclure ceux qui sont différents. La sincérité de la pensée individuelle est bien souvent raillée, parfois même considérée comme dangereuse.
Ce livre, je le regardais à l’époque avec une certaine appréhension, en me demandant à qui il pourrait être utile, à part à moi-même et aux femmes ayant une nature similaire à la mienne. Maintenant que j’ai presque l’âge de la grand-mère de Mai, c’est avec sérénité que je le vois à nouveau publié et partir pour un nouveau voyage. Bon vent !
Qu’il parvienne à ceux qui en ont besoin, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, qu’il les accompagne, les soutienne et les encourage du mieux qu’il peut.
Nous n’avons pas besoin de parler d’une voix forte, nous pouvons tout à fait parler et communiquer avec une petite voix.
Que ce livre leur chuchote ce message. »
Nashiki Kaho, 2017.

Mai, jeune adolescente, se sent trop mal dans son collège pour y retourner. Sa maman lui propose alors de terminer l’année chez  » la sorcière de l’ouest » c’est à dire, sa grand-mère maternelle.
Mai, a par sa mère, des origines anglaises.

Elle va donc passer un été décisif en pleine nature montagnarde dans la maison et le jardin de sa grand-mère.

J’ai beaucoup apprécié la personnalité de cette femme, bien posée dans la vie, dans ses liens avec la nature comme avec elle et les autres.

Mai, va apprendre d’elle un peu plus sur l’histoire de la famille, notamment sur les femmes douées de sorcellerie.

Et j’ai beaucoup apprécié cette façon d’envisager la sorcellerie, non pas avec des recettes de magie, mais dans une attitude, une attitude envers soi face à son intuition et au monde, faite d’auto- discipline et de connaissance, en plus des apprentissages…

Mai va donc apprendre, à s’auto-discipliner, à jardiner, à observer…
Elle va être accompagnée pour grandir.

Ce sont des jolis moments sans être édulcorés des tourments adolescents, ni de ce qui fait la vie, l’ombre, la mort et parfois trop de doutes et de méfiance.

La personnalité de la grand-mère est très rassurante et m’a séduite.

J’ai senti aussi à travers les personnages des parents de Mai, le stress dû au monde du travail dans la société japonaise, où il me semble toujours que les adultes doivent y laisser tout leur temps et énergie…

La maman de Mai a des désaccords avec sa mère au sujet de ce point et du temps à accorder aux enfants d’ailleurs et ceci est toujours intéressant à penser.

Pour la forme, le récit débute et termine avec la mort de la sorcière de l’ouest, et les regrets de Mai…

Mais je crois que je vais garder tous leurs moment passés ensemble, ce jardin secret, ces passations, et ces envies de ralentir la vie, et d’être au plus proche de soi, de la Terre et de ses magnifiques végétaux.

La papeterie Tsubaki . Ito OGAWA Ed. Picquier Poche

Ce roman japonais, se lit rapidement, mais est un véritable petit plaisir.
Nous sommes à Kamakura, et une jeune femme, qui avait choisi de quitter le pays, revient suite au décès de sa grand-mère.

Elle va finalement tenir le commerce qu’elle avait fui, La papeterie dans laquelle elle a grandi, et qui est également un lieu et lien où elle fait office d’écrivain public, comme le lui a appris sa grand-mère.

Ici, je précise de suite, deux points qui ont freiné mon enthousiasme.
L’écriture, via sa traduction, est peu littéraire. C’est très descriptif et factuel.
Pas de poésie, peu d’émotions, cela me déroute et ne me séduit pas.
Le second point est dans l’histoire des personnages. La grand-mère a franchement maltraitée sa petite fille, dont elle n’avait pas la garde, mais dont on apprend en passant,( et cela va s’arrêter là) qu’elle l’a arrachée à sa fille, la jugeant trop jeune pour l’éduquer. Une violence inouïe. Mais dans le récit, cela semble normal…


Mes réserves exprimées, j’ai trouvé un certain intérêt et plaisir dans cette lecture.

La première partie m’a fait subbodorer que cela se déroulait avant la toute présence des internet, mais non.
C’est surprise agréablement, que j’ai suivi cette histoire où la correspondance écrite manuscrite, calligraphiée ici, et la modernité cohabitent bien.

Apparemment le Japon y réussit mieux qu’ailleurs ?

La jeune Hatoko donc, va recevoir de plus en plus de commandes pour envoyer des missives calligraphiées et c’est là que c’est intéressant. Tout est détaillé : le choix de la calligraphie, pourquoi, le choix de la plume ou stylo, de l’encre,du papier en fonction du message.

Vraiment, c’est très agréable.

À chaque fois, c’est une nouvelle histoire, souvent originale, et parfois touchante.
En parallèle, nous assistons à sa vie quotidienne, très rythmée, solitaire, à ses repas, ( l’importance de la cuisine au Japon !) , et à ses relations qui se développent.

Sa voisine Mme Barbara, et deux autres personnages, puis ses rencontres via ses clientes et clients de la papeterie à travers son activité d’écrivain public.

Les lieux de culte traditionnels ont aussi de l’importance et les fêtes traditionnelles japonaises et j’ai apprécié lire cela.

Elle va remonter également dans son histoire personnelle, en retrouvant des lettres, en rangeant des affaires et c’est aussi une part importante de ce roman original et sympathique.

Une lecture rapide, plus pour la découverte d’une culture donc que pour son écriture.

Le restaurant de l’amour retrouvé . Ito OGAWA . Ed. Picquier poche.

Après avoir lu  » La papeterie Tsubaki » je me suis donc offert ce roman.
Très bonne surprise : Bien meilleur pour moi que le précédent, dans mon ordre de lecture.

Si l’écriture, dans sa traduction, n’est toujours pas un coup de coeur, cette fois, ce récit de l’histoire de cette très jeune femme, qui repart dans sa campagne natale m’a plus touchée.

Certes on y parle cuisine, mais j’ai aussi trouvé une belle dimension spirituelle à cette histoire de réconciliation : avec soi, ses épreuves, son histoire familiale.

La relation à la beauté des paysages et des produits issus de la nature est magnifique et a parlé à mon coeur de femme ayant choisi de vivre et créer en campagne.

Et cette histoire de reconstruction, avec ses secrets de famille qui peu à peu s’éclaircissent, sans mièvrerie, est fort belle, et peut toucher n’importe qui, je crois.

J’ai vraiment apprécié cette lecture, le bien être que l’héroïne ressent à cuisiner à son rythme pour faire du bien aux autres, son plaisir à trouver les plats qui vont correspondre à ses clients et leur histoire, et les descriptions alimentaires sont très réussies.

Et puis il y a de très jolis passages liés aux paysages, à l’élan de vie, à la création, vraiment c’est un très très joli roman de reconstruction de vie, empli d’espoir et d’humanisme sans facilité.
Une lecture dont il serait dommage de se priver.

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Il y a foultitude d’autres auteurs et autrices japonais, ici ce n’est qu’un début, un zeste , une entrée en matière agréable, n’hésitez pas à laisser vos impression et à partager vos lectures japonaises.

Merci, bonnes lectures

L’autre Magda

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