Début de printemps, rien n’est facile.

1/ Que ferais-je du sel de nos larmes ? Je ne pleure plus pour le moment.

La bibliothèque est rangée, ses livres en place.

Parfois, j’en retrouve un ou deux de-çi delà.

Mais il n’y a plus ces caisses pleines qui encombraient le couloir et dans lesquelles je me prenais pieds et cœur.

Pourtant, c’est encore difficile.

Parce qu’incompréhensible? Certainement. Comment l’absence totale de l’enfant, comment vivre dans les silences ?

Je ne sais pas, je ne fais que me débrouiller. Jamais la maternité ne m’a autant blessée, on ne prévoit pas les épreuves dans la vie, elles surgissent traitreusement , et vous attrapent le cerveau à chaque instant, avec tous les souvenirs et les beaux instant, la foi de l’amour éternel et la folie du monde qui produit trop de douleurs inutiles.

2/ Je ne fais partie du gang des artistes qui se nourrissent de la souffrance, des douleurs pour pouvoir créer.

C’est l’inverse chez moi. Un peu trop de tristesse, ou de douleur, et le processus de création s’arrête.

Si je force, c’est un raté.

Mieux vaut patienter un peu et ça revient.

La souffrance, ne s’installe pas à vie;

Si elle persiste, j’en appelle à la légèreté, à des paroles, à une psy,

à plus d’amour et de chansons, à de l’abandon jusqu’à ce qu’elle ait une place minime pour pouvoir vivre et donc créer et non survivre.

3/ Il est bon le printemps pour jardiner ? Il faut des forces et avoir préparé le sol. Nous sommes de mauvais jardiniers. Par choix et par nature.Ma préférence est aux jours où nous jardinons tous deux, l’homme et moi, dans le vent et les labeurs mesurés, la terre et l’air , le plaisir est alors si bon. Mais si seule je suis, je me fais à coup sûr du bien de descendre au jardin;

J’aime retourner les étages de Mulch et de foin et découvrir la terre noire et humide , pleine de vie…

Les doutes s’enfuient , comparés aux terres sèches des voisins qui labourent tant et plus ou aux arroseurs fous; La joie m’envahit en la sentant elle, Terre humide et l’odeur du Mulch… Je m’organise un peu, trace des listes et plans des semis en terre ou dans les godets sous les châssis , rien ne me réjouira plus je crois que de voir surgir les germes , les premières plantules des graines enfouies.

Allons bon , voilà que je retrouve l’envie.

4/ J’avais les cheveux jusqu’aux fesses !

Très longs, doux et en bonne santé. Mais quelque chose me pesant, je me suis allégée et clic et clac !

Je me dois de remercier ces jeunes femmes you-tubeuses qui si souvent disent un ciseau pour la paire,

mais m’attendrissent pour l’application donnée à tant de bons conseils pour si peu… Que d’énergie…Et sûrement d’espoirs cachés ?

Quoiqu’il en soit, hop là , cli et clac , les mèches lourdes et soyeuses sont tombées , et ma tête aérée, c’est incroyable ce que ça peut être puissant la puissance de la chevelure… Toujours les vieilles symboliques, Chevelure et féminité ou plutôt la force de Samson dans ses cheveux ? C’est tout mélangé là , mais j’allège la tête en ayant déjà moins de poids sur le crâne.

5/ Hé là ! J’adore totalement ce que fit et fut Agnès Varda. Mais je n’ai pas envie de promener mon cercle blanc sur mes cheveux teints au henné ( et avec une pincée de garance. Le nom est si joli ! ) Pourtant je vais devoir y penser, bien que ce soit sans grande importance, le temps n’est plus à mon insouciance quant à l’âge ou au temps qui passe ;

Il se peut que ce soit dû à la grande absente , aussi à l’état de dégradation de la belle bleue , ou plus simplement, parce que passé la moitié de cent ans, difficile pour une femme je crois, de vivre et penser comme en la première moitié. Alors soit je vais laisser pousser ça, et recouper peu à peu les restes roux , soit ce sera plus simple de m’appliquer les mélanges de plantes tinctoriales sur le ciboulot . Je ne suis pas décidée encore ,mais le vent m’engage à changer.

6/ Dès que le soleil rapplique, dans ces contrées douces encore , et loin des 50 ° de New delhi ou ailleurs,

Tout est plus facile :

La lumière est douce, le hamac est sorti,

j’entends les grillons et sauterelles dans les vastes espaces du jardin laissés en herbe,

dans les hautes herbes apparaissent des pois de senteur sauvages et une merveille rose et fine dont j’ignore le nom,

Les hirondelles sont revenues , et même si des effaroucheurs explosent leur bêtise dans les champs alentours,

il reste des oiseaux ici, Ô pas assez je sais bien… Mais ils nous réjouissent le cœur de leurs envols et batailles de mâles ,

De ces vies vives et virevoltantes , énergiquement tournées vers leur reproduction.

Début de printemps, rien n’est facile, mais le lézard dans les casiers d’imprimerie et le chant des feuilles, la voix de mon homme aimé et l’espoir par le respect et l’intelligence, les racines des orties et leurs délicieuses jeunes feuilles , les émissions d’Augustin Trappenard, et la sensation du vent dans la nuque, les chansons de Barbara Parvi avec ses prières et la musique , les peintures de fabienne verdier et la cuisine d’un plat simple agrémenté de fleurs de bourrache…

J’inspire et expire, début de printemps, la vie continue et quelques mouvements de qi qong avec lesquels j’aime peindre me réveilleront les bourgeons des feuilles à venir pour les deuxième moitié des 100 ans à vire et vibrer !

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Images et textes @Magda Hoibian 2022

4 commentaires sur “Début de printemps, rien n’est facile.

  1. Oh quel texte Magda… vous savez bien que l absence est une présence en creux. Quelle présence elle devait avoir. Votre amour comble ce creux.

  2. On ne se connait pas en vrai…juste sur fb….mais j ai lu votre petit journal de bord jusqu au bout et me suis reconnu pour certaines choses …j ai aussi coupe mes cheveux mais bcp plus courts….ils repoussent gris …blanc….et j adore ça…ils seront désormais longs et blancs….ds un an j aurai 50 ans ..je pense qu à ce moment là et avec tout mon cheminement je serai parfaitement moi même….😊alors bonne route et peut être à un de ces jours….😉🍀

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